De la barrette au basket. La « Comtesse » d'Almeida où le parcours d'une pionnière de la direction du sport.
Annabelle Caprais  1, 2@  
1 : LACES
Université de Bordeaux (Bordeaux, France)
2 : Unité de Recherche CIAMS
Université de Paris-Sud Orsay

Joueuse de barrette et employée des Postes Télégraphes et Télécommunications dans le début des années 1930, Anne d'Almeida dit « La Comtesse », connaît une carrière de dirigeante sportive improbable. Alors que la période est marquée par un durcissement de l'antiféminisme (Castan-Vicente, 2020) et le déclin du premier mouvement « sportif féminin » mené par Alice Milliat (Carpentier, 2019), son investissement dans la sphère sportive ne subit pas de repli. Avec l'interdiction de la barrette et la disparition de la Fédération Féminine Sportive de France (FFSF), elle se reconvertit dans la pratique du basket-ball et intègre la Fédération Française de Basket-Ball (FFBB). Elle y connaît ascension hiérarchique importante : directrice de l'équipe de France féminine entre-deux-guerres, elle devient la première femme à siéger au bureau de la FFBB au sortir de la Seconde Guerre mondiale. Par ailleurs présidente des sports féminins de l'ASPTT de Paris, l'ensemble de son action de dirigeante s'inscrit en faveur du développement de la pratique sportive des femmes.

Au regard de ces éléments, cette contribution vise à retracer le parcours d'Anne d'Almeida et à analyser les conditions qui permettent son engagement et son maintien dans les instances dirigeantes de la FFBB. Comment une jeune provinciale, non mariée, joueuse de barrette, employée des PTT, devient-elle « l'un des Dirigeants les plus écoutés du basket français[1] » ? Quels sont les coûts suscités par ces transgressions des normes de genre, de classe et de sexualité ?

Pour répondre à ces questions, la méthode mobilise les archives de la FFBB, de l'ASPTT, de archives de presse, la correspondance d'Anne d'Almeida et des archives iconographiques inédites. Deux entretiens menés avec Gilbert Paulin, ami d'Anne d'Almeida et ancien secrétaire général de l'ASPTT complète le dispositif d'enquête.

L'analyse du parcours « improbable » d'Anne d'Almeida met en lumière l'imbrication de rapports sociaux de classe, de sexe et d'orientation affective. Issue de la petite bourgeoisie lot et garonnaise, Anne d'Almeida sort de la norme du mariage hétérosexuel et échappe à l'étroitesse du rôle de mère au foyer. Son indépendance financière, son intégration dans le mouvement sportif postier, et son l'éloignement de sa sphère familiale l'amènent à pouvoir se consacrer à des responsabilités sportives. À la faveur de son intégration dans des réseaux politiques, corporatistes et sportifs parisiens, elle parvient à tenir son rôle de représentante du « basket féminin » malgré le sexisme et les échecs électoraux qu'elle subit au sein de la FFBB.

[1] PTT sports, 1950, n°3 (nouvelle série).


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