La présente proposition de communication s'ancre dans un travail de thèse qui articule le prisme de la sociologie interactionniste et celui des études sur le genre. Si la thèse vise à comparer les carrières de footballeuses amatrices (et notamment leurs conditions matérielles de pratique) évoluant en France et au Québec, l'objectif de cette communication est de présenter le rapport de la chercheuse, en tant que joueuse, à son terrain. En reprenant la théorie du point de vue situé (Haraway, 1988 ; Harding, 1987) il s'agit de se demander si « la familiarité avec le terrain modifie les conditions de l'observation et les observations elles-mêmes ? » (Thiault, 2009, p. 5). En analysant, d'une part, dans quelle mesure la position de la chercheuse influence l'enquête – ce que la chercheuse fait au terrain – et d'autre part la manière dont le terrain influence la chercheuse – ce que le terrain fait à la chercheuse – il s'agit de rendre compte de l'évolution d'une enquête de terrain au cours d'une recherche. Dans ce cadre, la comparaison internationale paraît particulièrement propice puisqu'elle permet de voir les différentes stratégies d'intégration sur un terrain familier versus sur un terrain inconnu. L'enquête menée sur chaque territoire, dans des conditions différentes (immersion totale pendant un temps court versus immersion partielle durant un temps long, peu de connaissances du terrain versus connaissances approfondies du terrain) permet de ressortir trois axes de discussion : (1) l'entrée sur le terrain. L'entrée différente sur le terrain en France et au Québec illustre la confiance donnée à la chercheuse par les enquêtées. Lorsqu'elle dévoile son rapport et sa connaissance à l'objet (ici le football), à travers la participation à des entraînements et à des matchs, une place particulière lui est accordée. (2) la façon dont la chercheuse influence son terrain. La présence de la chercheuse en tant que joueuse sur le terrain la rend partie prenante des interactions verbales et non-verbales permettant certaines confessions de la part des enquêtées suite à un partage de moments vécus. (3) l'influence du terrain sur la chercheuse. La présence de la chercheuse parmi les enquêtées force à un certain dévoilement personnel et à une réflexion sur sa position dans les rapports sociaux qui la traverse elle ainsi que l'ensemble des joueuses.