En 2007, l'association Moutain Wilderness lançait la démarche « Changer d'approche ». L'objectif est de promouvoir l'écotourisme ainsi que la mobilité douce (sans voiture) pour se rendre en montagne. Le but est non seulement de protéger les territoires montagnards fragilisés par le changement climatique, mais aussi de redécouvrir la montagne au contact de ceux qui y vivent au quotidien. Si les pratiquants de sports de montagne ont une vision plus éco-centrée du monde et adoptent davantage des comportements éco-responsables dans leur quotidien que le reste de la population française (Gruas, 2021), une enquête par questionnaire menée en 2022 montre que la diminution de la fréquence de pratique et l'utilisation d'un mode de transport alternatif à la voiture individuelle sont les actions d'atténuation du changement climatique les moins plébiscitées. Il apparait alors intéressant d'enquêter auprès des pratiquants de sports de montagne qui adhèrent à la démarche « Changer d'approche » et adoptent des comportements d'atténuation.
Dans le cadre de cette communication, nous présenterons les résultats préliminaires d'une enquête qualitative menée sur ce sujet. Notre approche s'ancre dans la théorie dispositionnaliste de Lahire (2012) qui considère que la socialisation passée des individus est à l'origine de dispositions pouvant influencer leur manière de penser, d'agir et de ressentir dans un contexte donné. Pour comprendre l'origine l'investissement dans ces comportements d'atténuation, il faut s'intéresser au passé incorporé des individus. Il s'agit notamment de s'intéresser aux conditions dans lesquelles les individus ont été socialisés à la nature au cours de leur enfance (Evans, Otto, et Kaiser 2018; Collado et al. 2015).
La méthodologie repose sur des entretiens de type récits de vie qui consistent à accompagner la production d'une narration biographique où l'enquêté reconstitue librement son parcours en précisant 1) ce qui l'a conduit à s'investir dans sa pratique et 2) ce qui l'amène à « changer d'approche » dans son activité.
Les premiers résultats montrent que les personnes ayant eu un accès régulier à la nature au cours de leur enfance sont plus sensibles à leur environnement et donc plus enclines à protéger la nature qu'ils fréquentent, notamment dans le cadre de leur activité sportive. De surcroit, cela influence également leur conscience des enjeux liés au changement climatique, et par conséquent, l'activation d'une volonté de contribuer à son atténuation. Pour les pratiquants les plus jeunes, c'est aussi une socialisation par les pais qui intervient dans la construction de dispositions dans ce domaine.