Nous assistons depuis quelques années à une transformation des formes de pratique d'activités physiques et sportives, d'ailleurs accentué par la récente pandémie. Dans nombre de sociétés industrialisées, les pratiques de forme, de santé, de bien-être se développent dans les cadres des clubs sportifs, de manière auto-organisée ou dans des salles privées.

Skate-parks, city-stades, streetworkout, aires de fitness, parcours de santé sont autant d'espaces diversifiés pour inciter la population à la pratique d'activités physiques et/ou sportives. La mise en place fin 2021du plan « 5000 terrains de sport d'ici 2024 » accompagne la dynamique en cours.

Pour ce faire, il convient de structurer une démarche analytique de recherche qui peut faire l'objet de cadres théoriques multiples et variés. Le premier peut être celui d'une sociologie de la transaction sociale qui se définit comme un courant étudiant les effets de l'aménagement des villes sur la vie quotidienne des citadins à partir d'une double lecture de l'espace public (Habermas, 1988) et du conflit (Simmel, 1999) notamment compte tenu d'externalités négatives qu'ils peuvent induire. Un autre cadre interroge sur les formes d'appropriation de l'espace par les citadins (Remy, 1992) de ces nouveaux espaces actuellement autorégulés.

Dans le cadre de cette recherche, nous allons tenter d'identifier les usages particuliers des espaces d'activité physique et/ou sportive dans la métropole lilloise afin d'identifier le(s) rôle (s) qu'ils jouent aujourd'hui dans le renouvellement des formes d'expression de l'urbanité́ (Augustin, 1999). D'un point de vue méthodologique, l'observation de terrain comporte un réel intérêt dans l'aménagement des espaces publics et veillons à articuler différents outils de receuil et d'analyse de données. Dans un premier temps, une observation flottante (Pétonnet 1982) doit nous permettre de dégager des questionnements et des enjeux sur les espaces. Une seconde étape doit permettre une observation analytique par la production d'une grille d'observation préalablement construite (Chapoulie, 2000). Le choix du lieu, des conditions climatiques et de la temporalité́ conditionnent l'observation d'un espace public (Gehl and Svarre, 2014 ; Mouchtouris, 2012).

Pour terminer, nous combinerons cette démarche d'observation in situ par une série d'entretiens auprès des décideurs politiques, des responsables en charge de l'aménagement de ces espaces afin d'apprécier les éventuels décalages entre les finalités poursuivies et les effets produits par ces nouveaux espaces sur les usagers. Ces « nouveautés » liés au sport feront l'objet d'un recul critique sur les approches sociologiques mobilisées. Ce travail s'inscrit dans l'accompagnement des politiques publiques et la promotion de l'innovation « sociale ».