Les effets contrastés de la crise sanitaire (Covid-19) et des innovations pro-vélo qu'elle a suscitées.
David Sayagh  1@  
1 : Complexité, Innovation, Activités Motrices et Sportives
Université Paris-Saclay

La crise du covid-19 a propulsé la bicyclette sur le devant de la scène. Présenté par le gouvernement comme « un geste barrière » idéal, le vélo a fait l'objet de mesures incitatives ("coronapistes", aides à la réparation, la remise en selle, l'achat).

Cette communication s'intéressera aux effets de la crise et de ces mesures inédites sur les pratiques du vélo et les principales inégalités sociospatiales qui les caractérisent.

Dans la tradition de la sociologie des mobilités l'analyse portera tant sur les pratiques que sur ce qui les conditionne et les influence (Kaufmann et al., 2015).

Le propos reposera sur un matériau recueilli dans le cadre du projet Vélotactique (ANR). Issus d'un e-questionnaire (n=7243), des résultats quantitatifs se baseront notamment sur des régressions logistiques visant à identifier les groupes sociaux concernés par les évolutions de pratique ainsi que la (non) connaissance et le (non) recours aux mesures incitatives. Ils seront croisés et enrichis par des données qualitatives issues de 15 entretiens semi-directifs et de 15 parcours commentés (Thibaud, 2001). Ces derniers permettront d'illustrer et de mieux comprendre les contraintes et opportunités à l'origine des évolutions de pratique.

Il sera montré que les effets de la crise sanitaire et des innovations pro-vélo associées sont contrastés. 

Si la pratique utilitaire a été particulièrement motivée par la peur du Covid-19 et freinée par le télétravail, la pratique loisir a été particulièrement incitée par le télétravail et le désir de faire de l'exercice. Les frontières entre l'utilitaire et le récréatif se sont brouillées et des phénomènes de compensation ont été observés.

Bien que principaux bénéficiaires des aides à l'achat, les cyclistes aisés résidant en milieu dense ont été particulièrement concernés par une diminution de leur pratique utilitaire. Pour autant, la pratique du vélo n'a pas davantage augmenté chez les moins aisés. Bien que principaux bénéficiaires de l'aide à la réparation, ces derniers ont moins eu accès aux coronapistes et ils sont particulièrement susceptibles de ne pas connaître les dispositifs ou de les trouver trop complexes.

Les femmes sont davantage concernées par une augmentation de leur pratique. Plus nombreuses à avoir bénéficié de l'aide à la réparation, elles estiment davantage que les dispositifs ont amélioré leur sentiment de sécurité. Pour autant, cette réduction des inégalités de pratique entre femmes et hommes ne peut être associée à une avancée vers l'égalité des sexes.


Personnes connectées : 6 Vie privée
Chargement...