Cette communication entend présenter une partie des résultats d'une recherche portant sur les conditions sociales du recours à une nouvelle technique médicale de prévention du VIH (la Prophylaxie Pré-Exposition, PrEP*) réalisée auprès d'une population ciblée par ce dispositif médical, les hommes homosexuels. La présentation s'appuie sur une analyse comparative des trajectoires biographiques d'hommes vivant à Paris ayant recours (n=20) et n'ayant pas recours à la PrEP (n=20). 

Les pratiques corporelles, interrogées et mises en récit lors des entretiens, sont au centre de cette recherche questionnant les pratiques de santé (à la fois la consommation et les compétences médicales ; les pratiques physiques et sportives ; les pratiques esthétiques et de soin du corps ; ou encore de surveillance de son corps). La dimension rétrospective des entretiens permet d'expliciter ces pratiques au regard des socialisations plurielles de ces hommes, en particulier à la santé et sportives, sur lesquelles cette communication s'attardera précisément. 

Nous verrons que le recours à cette nouvelle technique de prévention médicale exige des dispositions, valorisant une certaine culture somatique mais aussi une discipline et un contrôle de son corps. En outre, des dispositions planificatrices articulant dimensions disciplinaires et temporelles permettent l'autocontrainte, nécessaire au recours à la PrEP. Ce nouveau dispositif de prévention biomédicale apparaît finalement comme un marqueur de classe qui s'accompagne majoritairement d'autres pratiques investies à des fins de santé, en particulier les activités physiques et sportives ou encore l'attention portée à une alimentation « équilibrée » et « bio ». Ainsi, de l'implémentation à son recours, nous verrons que cette nouvelle offre de prévention médicale, valorise un certain mode de vie et prend appui sur une « discipline temporelle » dont les récits de ces hommes font état (capacité à programmer des rendez-vous et des prises de traitement, à anticiper les périodes de prise de PrEP ; ponctualité, régularité, etc.). Les hommes ayant recours à la PrEP font le récit d'une structuration temporelle de leur quotidien, qu'il s'agisse des activités professionnelles ou privées, qui fait écho à un ethos de classe, incarné par la tenue d'un agenda des loisirs articulé à celui médical, incluant les pratiques physiques et sportives ou encore les rencontres entre hommes. Nous verrons par ailleurs que, pour certains hommes n'y ayant pas recours, la PrEP revêt d'autres significations sociales, d'appartenance à un groupe social homosexuel avec lequel ils sont en désaccord, dissonant avec leurs socialisations passées. L'étude montre en creux un système de valeurs (morales) et de représentations associés à la PrEP.