Si les collectivités locales sont concernées depuis plus d'une décennie par les projets Sport-Santé (Illivi, Honta, 2020 ; Perrin, Perrier, Issanchou, 2022), le développement de ces derniers prend des formes particulières dans les quartiers prioritaires de la Politique de la Ville (QPV) tant les problématiques de santé s'y posent avec acuité et les taux de pratique sportive y demeurent inférieurs aux moyennes nationales. Néanmoins les QPV apparaissent, y compris dans le domaine sportif, comme des lieux d'innovation sociale (Vieille-Marchiset & Coignet, 2015 ; Charrier, 2020) avec l'émergence de nouvelles activités et la mise en synergie d'acteurs de cultures professionnelles différentes (Charrier & Jourdan, 1999).
C'est dans ce cadre contrasté que sera étudiée l'implantation d'une Maison Sport-Santé (MSS) au cœur du QPV de la ville des Ulis, en prenant appui sur une recherche réalisée pour la communauté d'agglomération de Paris-Saclay, à partir de visites « accompagnées », de 14 observations dans les QPV de 4 communes et d'entretiens individuels ou collectifs auprès de 80 personnes (Charrier et al., 2022).
L'analyse portera sur le processus qui conduit un club omnisport, à partir d'un programme local Sport-Santé développé depuis une dizaine d'années et reconnu alors comme innovant notamment par ses modalités d'intervention auprès de femmes éloignées culturellement et socialement de l'activité physique, à développer une MSS à rayonnement intercommunal.
Nous montrerons que si ce processus s'explique tout particulièrement par la singularité des profils et trajectoires de dirigeants « innovateurs » (sur)engagés dans ce projet, la labellisation obtenue en 2021 invite aussi la MSS à une nouvelle dynamique d'innovation pour articuler les secteurs sportif et sanitaire et traiter la question sensible de l'éloignement géographique qui conditionne l'engagement partenarial de nombreuses communes de la Communauté d'Agglomération.