Cette communication émane d'un travail doctoral qui avait pour objectif de comprendre comment l'engagement dans une carrière sportive participe de la transformation des parcours de vie, pour des athlètes en fauteuil électrique. Dans ce cadre, une attention a été portée à l'étude des interrelations entre la trajectoire sportive des participant·es à l'enquête et leurs autres trajectoires de vie, dont la trajectoire sexuelle et affective.
L'enquête repose sur une ethnographie du powerchair hockey (unihockey en fauteuil électrique) en Suisse. La démarche méthodologique comprenait des observations participantes lors d'entraînements et de compétitions ainsi que des entretiens centrés sur le récit de vie avec 11 joueur·euses. Une immersion d'une semaine dans la vie de ces participant·es a également été effectuée.
Cette communication propose de réfléchir à comment le rapport du chercheur à l'objet de recherche ainsi que ses identités multiples sur le terrain (chercheur, homme, sportif, normocapacitaire, gay, ...) ont façonné l'appréhension des carrières sexuelles et affectives des joueur·euses de powerchair hockey. Je discuterai comment différents moments de l'enquête in situ et les relations tissées avec les participant·es ont permis, de différentes manières, de comprendre les co-influences entre les expériences affectives et sexuelles et les expériences sportives des joueur·euses.
Tout d'abord, lors des entretiens en « face à face », le fait que je questionne les participant·es au sujet de leurs expériences sexuelles et affectives a toujours suscité l'étonnement, voire de la gêne. Les participant·es ont alors avant tout parlé de leurs vies sexuelles et affectives et les comparant avec les scripts sexuels normocapacitaires, auxquels j'ai été associé. J'aborderai ensuite ma conversation avec l'assistante sexuelle d'un des participants. Son discours, en partie antagoniste à ceux des joueur·euses, m'a permis de me rendre compte que ces dernier·ères avaient jusque-là parlé de leurs vies sexuelles et affectives uniquement sous l'angle du handicap, de la compensation et de l'accès au droit, sans jamais parler de plaisir corporel ni de désir. Le plaisir corporel étant uniquement relié aux expériences sportives. Enfin, je reviendrai sur une conversation que j'ai eue avec une participante au sujet de sa relation de couple. Cette dernière n'a accepté de me parler de sa relation avec son auxiliaire de vie qu'après que je lui parle de ma relation de couple avec un homme, nos échanges prenant la forme d'un double coming-out.
Méthodes qualitatives– épistémologies du genre – épistémologies du handicap - point de vue situé – sexualités – powerchair hockey