L'escalade libre s'impose en France à partir du milieu des années 1970 comme la manière légitime de grimper sur les falaises hors des terrains de montagne (Aubel, 2005). Inverse de la liberté en ce qu'elle consiste en l'imposition d'une règle sportive, cette modalité d'escalade n'a cessé depuis de se rapprocher du modèle sportif dominant selon un triple mouvement de rationalisation des techniques du corps et des supports ; d'institutionnalisation allant jusqu'à son intégration olympique (Batuev & Robinson, 2019) ; de marchandisation par la création d'une industrie et d'une économie touristique. Une enquête réalisée auprès de près de 12 000 grimpeurs dans 104 pays nous a permis de constater que ce processus de sportivisation était cumulatif au sens où il a laissé sur son chemin des modalités qui désormais constituent la diversité des styles de pratique. Nous avons pu faire ce constat à partir de nos données en réalisant une analyse statistique géométrique (Le Roux & Rouanet, 2005) couplant la réalisation d'une analyse factorielle des correspondances et d'une classification ascendante hiérarchique. Dans cette communication, il s'agira moins de présenter les résultats déjà publiés (Aubel, 2022) que la méthodologie statistique déployée. Nous décrirons ainsi la mise en œuvre avec les outils statistiques contemporains ce qui fait figure de procédure désormais canonique en sociologie des pratiques culturelles (Bourdieu, 1979, Le Baron & Le Roux, 2015), très tôt revendiquée en sociologie du sport (Pociello, 1981) à défaut d'avoir été réalisée (Duret, 1999). Nous nous proposons enfin de discuter de l'articulation entre ce travail sociologique et les travaux historiques sur les pratiques d'escalade en ce qu'elle souligne la grande actualité des analyses d'Émile Durkheim sur la division du travail social (Durkheim, 2007)pour analyser la diversification des modalités des pratiques sportives.