L'analyse structurale des réseaux sociaux (ou Social network analysis) consiste à observer des interdépendances entre les membres d'un milieu social organisé. Très peu mobilisée par les SHS du sport, cette méthode vise à modéliser les relations et interactions entre des individus pour démontrer comment ils font système. Plutôt que de postuler l'existence de tels groupes a priori, elle cherche au contraire à rendre compte des logiques constitutives de ces groupes en repérant des interrelations par-delà les organigrammes et les procédures officielles (Forsé, 2008 ; Lazega, 1998, 2001).
La communication vise à présenter les intérêts de la SNA pour les SHS du sport, à partir des données d'un travail de thèse portant sur la construction de l'activité physique à visée de santé comme catégorie d'action publique. Nous montrons notamment comment l'étude d'un réseau social complet (n=67) couplée à des entretiens semi-directifs (n=106) et à des questionnaires fermés de choix normatifs permet de mettre en exergue la façon dont l'activité physique est soumise à des représentations en tension du corps, du mouvement et de la santé qui rendent compte tant de relations de pouvoir que de conceptions spécifiques voire opposées. Celles-ci sont représentatives de rapports de force et de concurrences entre les différents groupes professionnels et institutions impliqués, qui cherchent à orienter l'écriture des politiques sanitaires en fonction d'ambitions spécifiques. Ancrée dans une sociologie de l'action publique (Dubois, 1999, 2003) et des réseaux sociaux, notre présentation interroge ces rapports de force et ce qu'ils disent des relations interministérielles et corporatistes à la croisée des mondes du sport et de la santé. Plus encore, elle précise la façon dont la méthodologie a été déployée pour arriver à des résultats novateurs et tentera d'ouvrir le débat de sa mobilisation par les sciences sociales du sport aujourd'hui.