Intégrer les in/capacités comme catégorie d'analyse, repenser les approches intersectionnelles en sociologie du sport.
Laurent Paccaud  1@  
1 : Santé, Education et Situations de Handicap
Université de Montpellier

Cette communication émane d'un travail doctoral sur les parcours de vie d'athlètes ayant des in/capacités physiques. L'enquête reposait sur une ethnographie du powerchair hockey en Suisse. La démarche méthodologique comprenait des observations lors d'entraînements et de compétitions et des entretiens centrés sur le récit de vie avec 11 joueur·euses. Une immersion d'une semaine dans la vie de ces participant·es a également été effectuée. L'ensemble des données a fait l'objet d'une analyse thématique (Paillé et Mucchielli, 2012) ainsi qu'une analyse des « relations par opposition » (Messu, 1992).

Ce terrain de recherche s'est avéré être propice à l'étude des interrelations entre le genre et le handicap. Premièrement, seules les personnes ayant des in/capacités physiques « sévères » sont éligibles en compétition. Une majorité de joueur·euses ont des maladies dégénératives. Au cours de l'évolution de la maladie, ils·elles sont amené·es à adapter leur manière de jouer. Deuxièmement, le powerchair hockey est un des rares sports où hommes et femmes jouent au sein des mêmes équipes ; les acteur·trices de ce sport considérant que les in/capacités physiques et la technologisation des corps sont considérés annulent les « avantages physiques » des hommes sur les femmes.

Ma communication sera structurée en deux parties. Premièrement, je présenterai un cadrage conceptuel permettant de traiter de la question du corps et de ses fonctions, ainsi que de la manière dont le système in/capacitaire s'entrecroise avec le genre, la « race », la classe, etc. Je nomme ce concept la co-construction intersectionnelle des in/capacités (Paccaud, 2022). Ce travail participe de la théorisation de l'intersectionnalité entre le handicap et les autres systèmes de différenciation et d'inégalité qui forment la « matrice de domination » (Collins, 1990). Il fournit aux chercheur·es des outils théoriques pour étudier les questions liées au corps tout en évitant le piège de l'essentialisation des in/capacités. Deuxièmement, je présenterai une application de ce cadre conceptuel. Bien que les expériences des joueur·euses soient aussi façonnées par des rapports sociaux de classe, de « race », etc., je me concentrerai sur la co-construction du handicap et du genre dans le cadre du powerchair hockey. Les résultats mettent en évidence les tensions, les contradictions et les paradoxes auxquels les joueur·euses sont confronté·es lorsqu'ils·elles (re)négocient leurs positions au sein de la matrice de domination, au regard du handicap et du genre en particulier.

 


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