Le travail dont est issue cette proposition de communication porte sur la frontière entre les mondes «amateur» et «professionnel». Il interroge notamment la manière dont des sportifs tentent de subvenir à leurs besoins dans un espace ne leur permettant pas de vivre pleinement de leur activité, sans être totalement amateur ou dans une pratique de loisir au regard des engagements temporels, corporels et mentaux assimilables à un emploi.
La recherche, focalisée sur cet espace intermédiaire, a permis de saisir la réalité des relations de travail dans le sport de haut niveau et de se doter d'une lecture sociologique de la persistance, malgré les difficultés et contraintes liées à cette pratique sportive de haut niveau, à se situer dans un espace incertain en continuant à vouloir (ou à rêver de) «faire carrière» ou au contraire, après l'arrêt de carrière, de la désacralisation de cet onirisme.
Plusieurs recherches étudient les logiques sociales structurant et encadrant ce marché. Elles portent sur les mécanismes d'évolution et de maintien de cette production de l'élite sportive en termes de conditions de travail (Le Mancq, 2007 ; Fleuriel & Schotté, 2008 ; Buisine, 2009 ; Deas & Nuytens, 2015), d'imbrication des logiques et relations sociales (Rasera, 2012) ou du rôle d'autres acteurs au service de cette performance (Brissoneau & al., 2008 ; Sekulovic, 2013). Mais si la notion de carrière a été investiguée dans le sport professionnel, de rares travaux portent sur les sportifs dits « amateurs » (Bertrand, 2010 ; Rasera, 2012 ; Damont & Falcoz, 2016).
Dépassant la distinction réductrice entre «professionnels» et «amateurs» de l'autre, la communication se propose d'étudier les carrières de sportifs situés à la frontière entre ces deux espaces. Il s'agira de mettre en évidence une distribution de situations de carrière oscillant entre les pôles de professionnalisation et d'amateurisme. Ce travail mêle dans une optique ethnographique une série d'entretiens (n=40) menés auprès de sportifs de différentes disciplines et 4 monographies de «clubs employeurs». Une typologie peut alors être dressée pour caractériser ce continuum de trajectoires sportives hybrides, qui interroge tant les représentations pour les sportifs de leurs propres carrières que la structure des espaces professionnels dans lesquels ils évoluent. Ce travail permettra donc d'objectiver les choix de carrière et la notion de changement dans l'espace du haut niveau «amateur» en interrogeant les mobilités sportives, statutaires ou géographiques.