Quels rapport les skieurs de randonnée entretiennent-ils avec la pratique sur les itinéraires balisés ?
Véronique Reynier  1, *@  , Léna Gruas * , Clémence Perrin Malterre@
1 : Pacte, Laboratoire de sciences sociales  (PACTE)
Centre National de la Recherche Scientifique : UMR5194, Université Grenoble Alpes, Sciences Po Grenoble - Institut d'études politiques de Grenoble
Siège : IEP - BP 48 38040 Grenoble cedex 9 -  France
* : Auteur correspondant

Le ski de randonnée connaît depuis quelques années un essor et un renouvellement, se traduisant notamment par une augmentation du nombre de pratiquants et une diversification de ses formes de pratique, dont certaines s'opèrent parfois à contresens de la vision traditionnelle de ce sport. Ainsi en est-il de la pratique sur les itinéraires balisés, qui ont été aménagés en station suite à l'augmentation du nombre de skieurs de randonnées utilisant en montée les pistes de ski traditionnellement dédiées à la descente. Fin 2021, plus de 180 itinéraires sont ainsi répertoriés en France. Ces innovations ont initialement été créées par les stations en réaction à un détournement d'usage de leur domaine skiable (Kreziak, 2022) et représentent une évolution inattendue de ce sport (Gruas, 2022), jusqu'alors dédié aux espaces vierges.

Afin de mieux comprendre ce qui se joue aujourd'hui dans ce microcosme sportif, nous avons analysé le rapport que les skieurs de randonnée entretiennent avec cette nouvelle forme de pratique, à partir de l'analyse conjointe des représentations et comportements qu'elle génère (Abric, 1994 ; Jodelet, 1992 ; Moscovici, 2004 ; Reynier, 2022) .Ce travail, financé par le Labex ITTEM, a été réalisé sur la base d'une enquête mixte mêlant entretiens non-directifs (n=20) et questionnaires (n=1235), diffusés de mars à avril 2020 sur différents sites, forums et réseaux sociaux. Cette étude a permis dans le même temps d'appréhender le profil des pratiquants de la randonnée à ski, la diversité de leurs formes d'engagement ainsi que le sens qu'ils donnent à leur engagement.

Malgré une certaine hétérogénéité des pratiques, à l'échelle individuelle, différentes typologies de pratiquants ont pu être mis en évidence. Elles révèlent notamment que l'élévation du niveau de pratique ne s'accompagne pas d'une augmentation du nombre de modalités pratiquées, contrairement à ce qu'ont pu montrer Augustini et coll. (1996) à propos de la pratique sportive en général ; et que la pratique de la randonnée à ski reste très largement marquée par la pratique en espace vierge, qui semble bénéficier d'une légitimité consensuelle. La pratique sur les itinéraires balisés est quant à elle principalement vécue comme une pratique par défaut. Elle donne lieu à tout un ensemble de justification (manque de temps, d'enneigement etc.) appréhendés comme relevant du besoin de préserver son sentiment d'appartenance au groupe des « vrais » randonneurs.


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