Historiquement exclusivement masculin (la cavalerie militaire, les sports équestres, les institutions, etc.), le monde équestre s'est peu à peu féminisé, de manière très marquée chez la population équitante (84,6% de licenciées en 2022 à la Fédération Française d'Equitation) mais aussi, progressivement et plus modérément, dans certains métiers liés aux activités équestres.
En nous appuyant sur une enquête financée par l'Institut Français du Cheval et de l'Equitation et sur la soixantaine d'entretiens menée auprès de dirigeant-e-s de structures équestres (entrepreneur-e-s et salarié-e-s), cette communication vise à interroger les modalités de féminisation de ce métier « passion ». A la croisée de la sociologie des groupes professionnels, du travail et du genre, il s'agira ainsi de cerner tout d'abord les impacts de cette féminisation sur le métier, les modalités et conceptions du travail, et l'articulation vie professionnelle / vie privée des dirigeant-e-s. La question de l'égalité au travail des dirigeants des deux sexes et des différences sexuées seront également traitées.
Pour ce faire, nous nous appuierons sur quatre figures professionnelles de dirigeant-e dégagées de notre corpus d'entretiens, figures qui se distinguent notamment par des conditions de rémunération et de travail plus ou moins favorables et qui mettent en évidence un processus de hiérarchisation interne au métier. Il s'agira de montrer que ces figures se distribuent inégalement selon le sexe et l'origine sociale des interrogé-e-s, en abordant les formes de différentiations internes, la manière dont sont redéfinies les frontières du métier et du travail.
En effet, alors que ce métier « passion » se caractérise par un flou des frontières entre travail et hors-travail et des débordements récurrents sur la sphère privée, particulièrement pour certaines des figures professionnelles identifiées au sein desquelles les femmes sont surreprésentées, ces dirigeantes vont ainsi fréquemment être confrontées à des difficultés pour concilier l'exercice de leur métier et leur vie privée. Ceci est d'autant plus vrai qu'elles assument, bien plus que leur conjoint, le travail domestique, surtout dans le cas des couples homogames. Au-delà de ces processus déjà bien éprouvés sur d'autres terrains, certaines figures professionnelles dégagées nous amèneront également à questionner les recompositions de genre dans le monde du travail.