L'individualisation des ressources dans un métier du loisir : le cas des dirigeants équestres en France
Emilie Salaméro  1, *@  , Fanny Le Mancq  2, *@  
1 : Centre de Recherche Sciences Sociales Sport et Corps
Université Toulouse III - Paul Sabatier
2 : Centre de Recherche Risques et Vulnérabilités
Université de Caen Normandie
* : Auteur correspondant

Structurée plus précocement que le monde sportif via sa convention collective et premier employeur sportif en France, la « filière cheval » rencontre aujourd'hui des difficultés et fait face à de nouveaux enjeux. En premier lieu, une pénurie de main d'œuvre dans différents métiers (moniteur et palefrenier-soigneur notamment) qui connaissent une baisse d'attractivité et un fort turn-over (Slimani, 2014), notamment au regard des conditions d'emploi et/ou de travail exigeantes qui les caractérisent (Chevalier & Le Mancq, 2010). Plus récemment, l'évolution du rapport à l'animal (dont les chevaux et poneys), et une sensibilité croissante à la question de son « bien-être » dans la société constituent un défi majeur pour la filière dont les pratiques et discours doivent s'adapter aux nouvelles normes et représentations, au risque de voir l'utilisation des équidés telle que pensée jusque-là, remise en question. Les dirigeants de structures équestres essentiellement privées (Chevalier, 2016) - poney-clubs, centres équestres, centres de tourisme équestre) - sont les premiers à devoir ajuster leurs activités, dans un contexte économique contraint (augmentation des charges, difficultés à renouveler la cavalerie, etc.). Les résultats de notre enquête, menée dans le cadre d'un contrat financé par l'Institut Français du Cheval et de l'Equitation (Le Mancq, dir.) auprès d'une soixantaine de dirigeants (entrepreneur-e-s et salarié-e-s), montrent des formes de vulnérabilisation de ces professionnels placés dans des conditions d'exercice favorables à des processus d'usures physique et/ou mentale renforcés (Salaméro & Le Mancq, 2022).

Parallèlement, le secteur des sports et loisirs équestres se situe à la frontière des mondes sportif, du tourisme et agricole et donne lieu à un foisonnement d'acteurs institutionnels et socio-professionnels (syndicats, comités à différents niveaux, Conseils des chevaux, etc.) interrogés parallèlement aux dirigeants (n = 20) dans le second volet de notre enquête, ils constituent de possibles soutiens pour les professionnels de terrain. Pourtant, les dirigeants de structure équestre saisissent peu ces formes d'appuis institutionnels au profit de stratégies individualisées et localisées, en premier lieu les appuis locaux et familiaux.

En nous appuyant sur ces résultats, cette communication vise à interroger le fonctionnement de l'écosystème de la filière équestre, plus particulièrement l'écologie dans lesquels évoluent les dirigeants, selon les segments professionnels (Strauss, 1992) dans lesquels ils sont insérés. Seront ici au centre de l'analyse les relations entre les différentes figures de dirigeants dégagées et les acteurs institutionnels, notamment au prisme du (faible et inégal) recours des premiers aux ressources mises à disposition par les seconds.


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