Bien que cette étude ait la particularité d'être une étude de cas sur la minorité franco-turque vivant en France, elle vise à analyser les footballeurs franco-turcs nés en France et ayant reçu une formation au football en utilisant la méthode de la prosopographie. Elle vise à contribuer à combler une lacune dans l'académie en tant qu'étude basée sur l'examen des histoires de vie de footballeurs appartenant à la minorité franco-turque.
Pour écrire la socio-histoire de ces joueurs dans les Championnats de France et de Turquie et en équipe nationale turque, nous avons confronté diverses sources orales et écrites : presse française et turque et archives personnelles des footballeurs, de la Fédération française de football, de la Fédération de Turquie de football, de la FIFA. En combinant méthode prosopographique et reconstruction quantitative de cette population sportive, nous souhaitons éclairer de manière inédite les migrations sportives complexes en articulant les facteurs socioculturels avec les conditions historiques et contemporaines de leurs productions (Lemercier, Picard, 2012).
Cette étude vise à analyser la transformation historique des quotas appliqués dans la Ligue turque de football. En raison du quota du football turc, la situation des footballeurs de la diaspora turque qui ont pris la formation de football en Allemagne et en France dans les clubs d'élite d'Europe occidentale sera analysée (Yüce, 2017). La limite de joueurs étrangers, qui a été appliquée pour la première fois en Turquie en 1951, s'est poursuivie avec la règle de ne jouer qu'un seul joueur étranger jusqu'en 1966. Après des dizaines de changements de règles, il y a une limite de 14 joueurs étrangers pour la saison 2022-2023 ; 8 d'entre eux peuvent jouer sur le terrain pendant le match. Les clubs élites en Turquie veulent utiliser ce quota en profitant de la diaspora turque en Europe.
Dans cette étude, les préférences des joueurs de football franco-turcs ayant la double nationalité entre les équipes nationales de France et de Turquie seront discutées. Une analyse comparative sera faite sur les exemples tels que Altintop (Turquie), Ozil (Allemagne) et Sahin (Turquie) vus en Allemagne où il y a beaucoup plus de Turcs qu'en France (Metzger, Ozvatan 2020 ; van Campenhout 2021). Le fait que des joueurs d'origine turque choisissent la Turquie au lieu de la France dans les équipes nationales est une question qui doit être discutée au niveau de la France où vivent plus d'un million de citoyens d'origine turque (van Campenhout, van Sterkenburg, 2021).