Les carrières de pratiquant d'APA dans le parcours de soin oncologique
Victor Poupard  1@  
1 : Centre de Recherche en Education de Nantes
Université du Maine

Dans une optique biomédicale de la santé, la pratique régulière d'une activité physique est aujourd'hui présentée comme un adjuvant indispensable : il faut bouger pour être sain (Vieille Marchiset, 2019). Ce leitmotiv se décline depuis quelques années dans le monde de la cancérologie et plus précisément de la « lutte contre le cancer », où l'Activité Physique Adaptée (APA) y occupe une place de choix en tant que soin de support (INCa, 2017 ; INSERM, 2019 ; HAS, 2019). Pour les malades, de l'annonce à la rémission, il leur incombe d'être actifs autant que possible, et cela en dépit des effets secondaires comme la fatigue. Si les recommandations sont toujours plus spécifiques quant à la « bonne dose » hebdomadaire, peu de malades pratiquent et/ou maintiennent un niveau d'activité physique suffisant, pendant ou après les traitements. Suite à l'annonce du cancer, l'engagement dans une « carrière de pratiquant d'APA » (Barth et Lefebvre, 2014) ne va pas de soi pour les individus et nous invite à interroger le sens individuel mais aussi collectif attribué à ce comportement.
A partir d'une analyse comparative d'entretiens compréhensifs menés auprès de 8 patient-es participants à des séances d'APA collectives au sein d'une association de malades, et 40 patient-es rencontré-es en hôpital de jour, notre communication entend contribuer à l'éclairage des « bonnes raisons » (Boudon, 1989) de l'engagement, ou pas, des malades, et de leur maintien, en tenant compte des différents temps de la maladie (Ménoret, 1999) et de la dynamique des relations sociales. Appréhendés à l'aune des paradigmes de la reconnaissance (Honneth, 2000) et de la liminalité (Little et al., 1998), nous proposons de discuter les idéaux-types (Weber, 1904) d'engagement de patient-es révélés par cette recherche, toujours en cours. Il s'agira plus précisément de montrer dans quelle mesure les rapports contrastés aux séances d'APA traduisent la difficile adoption de cette « autre allure de vie » dont parlait Georges Canguilhem (1966), et sont susceptibles d'orienter les conditions de sa mise en œuvre.


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